mardi 14 août 2007

Tous ont fauté (6)

Bandeko ba bolingo,
N'ayant pas pu mettre une vidéo sur ces pages, je vous convie à lire la suite à cette adresse: http://www.rd-congo.info/blog/accueil_blog.htm
A l'avenir, le blog sera intégré au site du fouineur pour permettre l'utilisation du multimédia. Pour le reste, nous restons ici.
Veuillez excuser le désagrément des allers-retours, tout est fait pour mieux vous servir.
Le fouineur dévoué
http://www.rd-congo.info/

samedi 4 août 2007

Tous ont fauté (5)

Bana betu bananga, j’espère que vous faites attention à la succession des événements en fonction des dates car cela vous permettra de lier certaines situations d’aujourd’hui à des actes qui ont été posé naguère et qui continuent à pourrir le pays. Le verbe n’est pas trop fort.
Avant de continuer, nous allons d’abord présenter ce fameux collège des commissaires généraux installé à l’initiative du colonel Mobutu. Ledit collège régnera jusqu’en février 1961, il le 29 septembre 1960. Ils provenaient essentiellement de l’université libre de Belgique (ULB) et de l’université catholique de Louvain (UCL) :
* Justin Bomboko – Affaires étrangères et Commerce extérieur ; Président du Collège
* Albert Ndele – Finances et Questions monétaires ; Vice-Président du Collège
* Charles Bokonga – Travail et Prévoyance sociale
* Mario Cardoso – Éducation nationale, Jeunesse et sport ; porte parole du Collège
* Valentin Bindo Albi – Fonction Publique
remplacé par Auguste Kalanda Mabika en octobre suite à la résignation de Bindo
* Ferdinand Kazadi – Défense nationale
* Pierre Lebughe – Agriculture et Classes moyennes
* Marcel Lihau – Justice
* Joseph Masanga – Travaux pubics
* Joseph Mbeka – Coordination économique et plan
* Albert Bolela – Information ; porte parole du Collège
* Albert Mpase – Affaires sociales
* Aubert Mukendi – Télécommunications
* José Nussbaumer – Intérieur
* Marcel Tshibamba – Santé publique
Commissaires adjoints:
Albert Atundu – Affaires sociales, Cléophas Bizala – Éducation nationale, Jeunesse et sport
André Bo-Boliko – Travail et Prévoyance sociale, Damien Kandolo – Intérieur, Ernest Kashemwa – Affaires étrangères et Commerce extérieur, Julien Kasongo – Plan et Coordination économique, Pascal Kapella – Information, Zépherin Konde – Information,
François Kungula – Fonction publique, Évariste Loliki – Affaires étrangères et Commerce, extérieur, Félicien Lukusa – Fonction publique, Jonas Mukamba – Intérieur, Paul Mushiete – Finances, Claude Ngondo – Agriculture, François Jean-Marie Ngyesse – Classes moyennes,
Gilbert Pongo – Transport et Communications, Étienne Tshisekedi – Justice, Honoré Waku – Éducation nationale, Nestor Watum – Défense nationale, Henri Takizala – Travaux publics,
Martin Ngwete – Santé publique, Joseph Posho – Travaux publics.
Patrice Lumumba fut tué le 17 janvier 1961 au Katanga durant l’opération baptisé Barracuda, c’est donc sous le règne de ce groupe. Avaient-ils le pouvoir ou la capacité d’empêcher la mort de cet ancien syndicaliste autodidacte qui dérangeait ? A eux d’expliquer à la génération de 2007 qui ne connaît Lumumba que par les photos, vidéos et autres documents historique.
Que sont-ils devenus ?
* Bomboko Justin (actuel Bomboko Lokumba), né en 1928. Plusieurs fois ministre et ambassadeur, fidèle à Mobutu. Fut à la base du retour de Pierre Mulele, en 1968, qui se termina de la façon que l’on sait. Est toujours là en politique. Aujourd’hui sénateur.
*Albert Ndele Mbamu, né en 1930, a été gouverneur de la Banque du Congo jusqu’en 1970 et éphémère ministre de finances. Grand argentier de Mobutu, ils habitaient ensemble au camp colonel Tshatshi. Après sa brouille avec Mobutu (Ceux qui sont au toujours au courant de tout racontent que c’est à cause d’une métisse (à prouver). Politiquement, je n’ai trouvé aucune raison. Il a habité avenue Foch (Paris 16 !), avant d’être gracié par son ancien copain du groupe de Binza et de retourner au pays. Après quelques apparitions chez les Ne-Kongo, il est en retrait actuellement.
* Cardoso Losembe Mario est actuellement n°3 du Sénat. Lui aussi s’était brouillé avec Mobutu qui l’avait traité d’espion portugais. Donc toujours là.
* Etienne Tshisékedi wa Mulumba, adjoint de Marcel Lihau, est toujours à Limété, rue Pétunias (la fleur), faut-il vraiment le présenter ? C’est le rédacteur de la charte du MPR appelée Manifeste de la N’Sele en 1966. Donc toujours là.
* André Boboliko Lokonga, président du PDSC, le social chrétien est occupé à essayer de recoller son parti divisé en 4 ailes. Donc toujours là.
* Jonas Mukamba, l’éternel PDG de la MIBA (11 ans), mobutiste convaincu avant l’heure et fidèle qui voulait corriger les fautes de la 2ème république. Imanien, président de l’ADECO, candidat président de la RDC avec un résultat nul, a été sommé de ne pas se présenter à l’assemblée nationale face à Vital Kamerehe. Donc toujours là.
* Bindo, ce nom restera plutôt dans l’histoire du Congo grâce à ses descendants et leur fameuse Loterie Bindo qui ruina plusieurs kinois spécialistes en placement hasardeux.
Parmi les défunts, certains comme Marcel Lihau, Thomas Kanza, Kashemwa, Takizala, ont occupé plusieurs postes à divers moments et selon qu’ils étaient en grâce ou pas auprès du Maréchal-Léopard. Ferdinand Kazadi est plus connu pour être cité parmi les bourreaux de Lumumba lui qui avait fait tout le trajet avec les prisonniers.
C’est volontairement que j’ai résumé au minimum les actions de ce premier groupe (il en sera de même pour les autres), un blog n’est pas suffisant pour analyser les bienfaits et les méfaits de chacun. Il faudra une encyclopédie congolo-dramatico-politico-historique (ça se dit ?) pour contenir tout ça. Souffrez que j’aille me reposer, tout ça chauffe la tête.
@+ à www.rd-congo.info dit le fouineur

jeudi 2 août 2007

Tous ont fauté (4)

-14 juillet 1960 : Kasavubu et Lumumba ne contrôlent plus le pays et font appelle à l'ONU, des troupes belges débarquent à Léopoldville avec pour mission de protéger et d’exfiltrer les européens de ce pays qui était devenu un piège pour tout le monde. Même les conseillers militaires étrangers qui étaient auprès de chacun des dirigeants ne comprenaient rien à cette situation qui n’obéissait à aucune théorie apprise dans les académies militaires. Les belges découvrent avec stupeurs que même leurs poulains (Tshombe, Kalonji, Bomboko, etc.) n’étaient pas unis : chacun pour tous, le Congo pour soi. Chaque président de parti, même sans soutien populaire, était un président en puissance.
-8 août 1960 : Un mois après Moïse Tshombe, Albert Kalonji proclame l'Etat autonome du Sud-Kasaï. Avec l’or et le diamant, il avait de quoi payer qui il voulait. Lumumba en tant que ministre de la défense envoie aussitôt l’armée nationale pour ramener la province dans le giron de l’Etat avec un résultat mitigé si ce n’est des morts parmi la population civile. C'est le début de la guerre civile marquée par la participation des combattants mercenaires en tout genre. L’espoir était placé sur une vaste opération de maintien de l'ordre sous l'égide de l'ONU.
-5 septembre 1960: le président Kasavubu destitue Lumumba et l’accuse d’avoir déclenché la guerre civile au Kasaï (avec six de ses ministres : Antoine Gizenga, le vice-Premier ministre, Remy Mwamba de la Justice, Gbenye de l'Intérieur, Anicet Kashamura de l'Information, Pierre Mulele de l'Education nationale). Le même jour, la destitution du président fut prononcée par Lumumba. Du coup, plus de président, plus de premier ministre.
-7 septembre 1960 : Après 2 jours sans autorités au sommet de l’Etat, le parlement congolais annule les deux décisions de neutralisation mutuelle et accorde les pleins pouvoirs à Lumumba qui avait un soutien appuyé de ses partisans.
-9 septembre 1960 : Le président Kasavubu annule les pleins pouvoirs et ajourne le parlement pendant un mois et désigne Joseph Iléo (l’ancien copain-fondateur du MNC avec Lumumba) pour former un nouveau gouvernement. Lumumba lance un appel au peuple à la radio nationale, il est arrêté puis libéré. (D’après certaines sources par le général Lundula).
Au beau milieu de cette cacophonie, Antoine Gizenga (l’actuel Yandi ve) crée la République populaire du Congo avec comme capitale Stanleyville (Kisangani). Elle sera reconnue notamment par l’URSS et quelques pays du bloc communiste dont Cuba, la Chine populaire, l’Irak, le Ghana … Pierre Mulele proposa Gizenga comme président du PSA (Parti solidaire africain) et en devient secrétaire général.
-12 septembre 1960 : Kasavubu installe le gouvernement de Joseph Iléo.
C’est alors que le colonel Mobutu, excédé, décide de neutraliser le président et les deux premiers ministres. Il instaure un collège des commissaires généraux (des techniciens dont certains sont encore aux études) dirigé par Justin Bomboko. C’est ici qu’apparaissent les Etienne Tshisekedi, Albert Ndele et compagnie mais ils étaient déjà là. Nous reviendrons aussi sur ce groupe qui a eu son impact sur le Congo.
-14 septembre 1960 : Quoique le colonel Joseph-Désiré Mobutu ait neutralisé le chef de l'Etat et le Premier ministre, en réalité Kasavubu va continuer à exercer normalement ses fonctions présidentielles et le nomma Général et commandant en chef de l’Armée. Lumumba confiné à sa résidence officielle (L’ex-bureau du Sénateur Jean Pierre Bemba), entouré de deux ceintures de militaires : les Casques bleus de l'ONU, bouclés par l'Armée nationale congolaise (Anc). Cette date est à retenir car elle signe la vraie arrivée de Mobutu.
-20 septembre 1960 : Le Congo fut admis à l’ONU, Thomas Kanza y est le représentant de Lumumba et Bomboko celui de Kasavubu. Entre-temps à Stanleyville, les officiers militaires fidèles au pouvoir central sont relevés de leurs fonctions. Mulele voyage beaucoup et parvient à faire reconnaître leur gouvernement par quelques Etats et il cherche surtout à rassembler les Lumumbiste pour créer une large union. Tâche malaisée vu la situation sur le terrain.
-27 novembre 1960 : Ne se sentant pas en sécurité à Léopoldville, Lumumba choisit de s’enfuir pour rejoindre ses partisans à Stanleyville (Kisangani). Cléophas Kamitatu lui décrivit l’itinéraire à suivre qui prévoyait de traverser la province de Bandundu et une partie du Kasaï avant d’atteindre la destination
-Le 2 décembre 1960 : Lumumba fut arrêté sur la rive gauche de la rivière Sankuru et reconduit à Mweka où un inspecteur de la sûreté nationale, Gilbert Pongo, vint le chercher et l’emmena à Léopoldville. Il fut ensuite transféré à Thysville sous le commandement de Bobozo. Là, il rejoignit deux autres lumumbistes prisonniers : Mpolo, arrêté à Mushie alors qu’il tentait aussi de gagner Stanleyville, et Joseph Okito, président du Sénat.
Furent-ils trahis ?
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Tous ont fauté (3)

Salutos, l’autre m’a demandé de rajouter le prof Kin Key Mulumba de Masima-Nimba parmi les champions des mouvements : MPR, RCD, RCD-CONGO, Kagamé (Voir le Soft pro-Rwanda), ASF, Indépendant, AMP.
Attention, la liste des champions n’est pas exhaustive. Si vous êtes du pays de Simon Kimbangu, vous en connaissez sûrement.
Nous repartons en 1960 où les élections nationales du 22 mai 1960 avaient consacrées Lumumba et son MNC. Mais après des négociations politiques, c’est Kasavubu qui passe président de la République avec Lumumba comme 1er Ministre. Ce premier gouvernement est plutôt un rassemblement des personnalités issus des divers courants et qui ne s’apprécient pas forcement étant donné qu’ils étaient déjà divisés avant l’indépendance (La plupart militait pour des partis tribaux : Balubas du Kasaï, Balubas du Katanga, Mongos et Ana mongos, Bakongo, Bangala, Munu kutuba, etc.….) Certains soupçonnent les belges et les américains qui avaient peur de Lumumba étiqueté pro-russe d’être à la base de cette alchimie ce qui favoriserait aussi quelques hommes à eux congolais d’avoir un pied à l’étrier. Un point important : Victor Nendaka travaillait déjà pour la CIA, c’est lui qui présentera Mobutu quelques années plus tard aux américains.
- 30 juin 1960 : proclamation de l’indépendance par le Roi Belge Baudouin 1er et début des hostilités ouvertes pour nos politiciens.
Il était prévu que le président Kasavubu donne son discours à lire à Lumumba avant que celui-ci ne soit prononcé devant le Roi, chose qui n’a pas été fait. Pour quelles raisons ? Les avis divergent. Donc Lumumba découvrit le contenu du discours en même temps que le reste de la population. Fonceur, il griffonna à la va-vite un texte sur place : c’est le fameux discours qui marqua l’histoire du pays et qui scandalisa certains (même des compatriotes congolais), d’autres décrétèrent qu’il était une offense au Roi des belges. Pour beaucoup, il venait de signer son arrêt de mort. Il devenait l’homme à abattre (s’il ne l’était pas déjà) restait à choisir la manière et attendre l’occasion.
Mobutu, ancien militaire démobilisé devenu journaliste, et qui avait participé à la table ronde de Bruxelles préparatoire à l'indépendance en tant que délégué du MNC/ Lumumba, est secrétaire d'Etat chargé des questions politiques et administratives dans cette mouture de premier gouvernement.
- 5 juillet 1960 : soit 5 jours seulement après l’indépendance, une mutinerie éclate au sein des troupes congolaises de la Force publique à Mbanza-Ngungu (Thysville) au camp Hardy (Actuel Nsona Kulu). Cibles visés : les officiers belges et la population européenne. C’est le début des violences, les belges commencent à fuir le pays. Ce sont les viols et les assassinats qui donneront aux événements leur caractère dramatique.
- 8 juillet 1960 : le secrétaire d’Etat Mobutu est nommé chef d'état-major des armées avec grade de colonel avec pour mission de pacifier les esprits dans les camps militaires et l'africanisation de l'encadrement militaire par Lumumba. Tâche ardue étant donné que pour les militaires l’indépendance était l’occasion de laisser exploser plusieurs années de brimades, le général Janssen ne trouva pas mieux que de déclarer que pour la Force Publique : avant l’indépendance égal après l’indépendance et l’inscrivit sur un tableau. (Excès d’assurance ?).
Il y avait dans l’entourage de Mobutu, Charles Kisolokele (le fils du prophète Simon Kimbangu) et Gaston Diomi Ndongala (le père d’Eugène).
Durant cette période charnière, le Congo avait zéro médecin congolais, zéro officier formé, 375 étudiants boursiers qui n’avait pas encore fini.
- 11 juillet 1960 : Moïse Tshombe proclame la sécession de la province minière du Katanga avec l’aide des mercenaires belges et sud-africains dont le fameux Jean Schramme qui s’autoproclamera plus tard (pince sans rire) président du Kivu. Le Katanga ne retournera au gouvernement central qu'en 1963.
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Tous ont fauté (2)

Extrapolons de 1960 en 2000 (40 ans d’indépendance après) :
- Le 15 Février 1982, 13 parlementaires créent l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) au nez et à la barbe du Léopard-Maréchal sur base de la Constitution Congolaise du 24 juin 1967, adoptée par référendum, qui avait institué en son article 4, le bipartisme en application du Manifeste de la N'sele.
Il s’agit de : Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Gabriel Biringanine Mugaruga, Charles Dia Oken-a-Mbel, François Lusanga Ngiele, Paul-Gabriel Kapita Shabangi, Walter Isidore Kanana Tshiongo a Minanga, Célestin Kasala Kalamba ka Buadi, Oliveira da Silva Antoine Gabriel Kyungu wa ku Mwanza, Protais Lumbu Maloba Ndoba, Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi, Symphorien Mbombo Lona, Joseph Ngalula Mpanda Njila et Edmond Ngoyi Mukendi Muya Mpandi.
Au gré des vagues et des tensions internes, on se retrouve avec : UDPS/ Kibassa, UDPS/ Tshisekedi, UDPS/ Tshisekedi (bis), et l’association des exilés, des déçus de l’UDPS avec Kyungu wa Kumwanza qui file aujourd’hui le parfait désamour avec Kisimba Ngoi suite à l’affaire Ngoi Ilunga (Souvenez-vous du ministre fantôme).
- En 1998, soutenu par le Rwanda, création du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) par les déçus de l’AFDL : Bugera Déogracia, Ruberwa Azarias, Adolphe Onosumba, Bizima Karaha, Ondekane, Emile Ilunga, Moïse Nyarugabo, Arthur Zahidi Ngoma, Ernest Wamba dia Wamba et compagnie. En moins de temps qu’il n’en faut pour en parler (septembre 2002), l’on se retrouve avec dans le désordre :
Le Mouvement de révolution RCD-Goma, dirigé par M. Jean-Bosco Barihima; le RCD-Congo, présidé par le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba; le RCD-Originel, présidé par M. Maurice Shetebo Murandi; le CNRD du leader historique Commandant Kisase Ngandu, présidé par M. Gaston Kangele; les Combattants Maï-Maï issus du RCD représentés par le commandant Paulin Shebandu de la CONEMADIC; le RCD/N de Roger Lumbala; le RCD/L de Mbussa Nyamwisi ; le RCD/ML de Wamba dia Wamba allié au APC (armée populaire congolaise) et, et, ainsi de suite … (Vous parvenez à suivre ?)
- Le 20 mai 1967, Mobutu, Tshisekedi, Nendaka, Bomboko et le reste de la bande créent le MPR (Mouvement populaire de la révolution) qui, pour certains, n’est en réalité qu’une émanation du MNC. N’oublions pas que le Maréchal aussi se réclamait de Lumumba. C’est le seul parti qui avait des membres sans l’avis de ceux-ci : Que tu le veuilles ou pas, tu es membre. Le seul fondateur reconnu sur papier est Mobutu. Pourtant, c’est le groupe dit de Binza qui est derrière tout ceci. Nous reparlerons d’eux plus tard.
Le lâcher tout azimut a été proclamé par le Maréchal himself en 1990 avec son fameux : comprenez mon émotion ! C’était la débandade, les mobutistes se sont retrouvé partout sauf chez Mobutu. UDI de Kengo wa Dondo, PDSC des héritiers d’Iléo dirigé par André Boboliko (4 ailes !), … Faut-il vraiment les citer tous ?
A l’arrivé de L-D Kabila en 1997 et suite à la fuite du Léopard, l’on se retrouve avec : MPR/ fait privé de Cathérine Nzuzi wa Mbombo, MPR/ex- parti Etat du prof Vunduawe te Pemako ; tous deux épurés des dinosaures du régime parti voir si l’air était plus respirable ailleurs. Quelques champions des mouvements à épingler :
Tambwe Mwamba : MPR, UDI, RCD, MLC, AMP …
José Endundo : MPR, UDI, MLC, UNADEC, PDC, AMP …
Prof Lunda Bululu : MPR, RCD, MLC, RSF, UN …
Ne voyez-vous pas des similitudes comportementales 1960/2000? Che Guevara, pourtant rompu aux méandres des révolutions, n’a rien compris du Congo et des congolais.
Au prochain, retour en 1960.
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Tous ont fauté (1)

Nous ne pouvons pas réécrire l’histoire ou la modifier selon nos envies, nous ne pouvons pas l’ignorer non plus. D’autres parlent de Napoléon, Louis XIV, Gengis Kan, Salomon, Washington, Franco, Gandhi et tutti quanti… Nous avons Nzinga Kuvu, Simon Kimbangu, Lumumba, Kasavubu, Mobutu, … C’est cela notre histoire : en bien ou en mal. Le but de ce semblant d’analyse fait de plusieurs recoupements et de démontrer l’arrivée en ordre dispersé de nos premiers politiciens face à la ligne d’arrivée appelée Indépendance Cha Cha. Cette dispersion chaotique a encore des répercussions dans notre politique d’aujourd’hui. Certains des protagonistes sont encore en vie et actifs mais n’ont jamais écrits leurs mémoires comme font les autres sous des cieux inspirés. Si quelqu’un pouvait faire asseoir Yandi Ve et l’obliger à parler et à écrire, nous en saurions d’avantage. Ceci est valable pour Kamitatu, Bomboko, et le vieux Tshitshi. Ai-je oublié quelqu’un ? Prenons le train de l’histoire en marche :
-Le 10 octobre 1958, Lumumba crée le MNC (mouvement national congolais) avec Joseph Iléo, Ngalula et Cyrille Adoula. Le 28 décembre, il tient son premier meeting populaire sur la place de la victoire dans le quartier Matonge à Kinshasa devant + /- 10.000 personnes. Mais ses trois compagnons le lâchent estimant qu’il est devenu un démagogue dangereux vu ses discours à la Kwame NKrumah. Il faut reconnaître que sa rencontre avec NKrumah en 1957 l’avait beaucoup marqué à tel point qu’il s’en ait servi comme point de repère
- Le 4 janvier, l'ABAKO (l’association des Bakongo) de Kasavubu annonce un meeting place de la Victoire en visant absolument dépasser le succès qu’a eu Lumumba au même endroit. Il est à noter que l’ABAKO était ouvertement une association tribale. L’interdiction de ce meeting entraînera une émeute qui aboutira à la mort de plusieurs congolais et à l’arrestation de Kasavubu.
-Le 1er juillet 1959, Lumumba tient un deuxième meeting à l’entame duquel il demande quelques minutes de silence à la mémoire des congolais morts le 4 janvier. Ceci fut considéré comme une provocation ouverte par le pouvoir colonial.
-Le 17 juillet 1959, Iléo, Ngalula, Adoula, et Kalonji excluent Lumumba du MNC. Ayant eu vent de la chose, celui-ci les exclu à son tour et nomme Victor Nendaka vice-président de son aile. On se retrouve donc avec 2 MNC. C’est à cette période que Lumumba découvre un jeune journaliste qui signe De Banzy mais qui en réalité s’appelle Joseph-Désiré Mobutu et le prend sous sa coupe.
-Appuyés par l’autorité coloniale, d’autres partis tribaux et assimilés feront leurs apparition en cette période : UNIMO (union des Mongo) de Justin Bomboko ; PNP (parti nationale du progrès) de Bolya, Mafuta Kizola Delvaux, Dericoyard Derikoye; PUNA (le Parti de l'Unité Nationale) de Bolikango ; sans oublier la CONAKAT (Confédération des associations tribales du Katanga) de Moïse Tshombe et Godefroid Munongo.
-Fin 1959, Lumumba fut arrêté parce qu’il avait appelé à boycotter les élections communales organisées par les belges. Il sera libéré pour participer à la table ronde (où il amènera Mobutu comme secrétaire) et y fera un triomphe aux détriments des autres leaders. La date du 30 juin 1960 sera retenue pour l’indépendance à cette occasion. La cohésion et l’unité ne caractérisaient pas ces premiers politiciens, chacun jouait sa partition à sa façon quitte à couler l’autre frère. Chose qui n’a pas beaucoup changé aujourd’hui.
-Les élections nationales du 22 mai 1960 consacrent le parti MNC aile Lumumba dans toutes les provinces suivi par le PSA d’Antoine Gizenga (le même), le CEREA d’Anicet Kashamura et le BALUBAKAT de Jason Sendwe.
Or Lumumba symbolisait la révolution socialiste de l’Afrique décolonisée.
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Avant cha cha (suite)

« Tous ont fauté : Bolikango, Gizenga, Kasa-Vubu, Lumumba, Tshombe, Kamitatu, Nendaka, Kalonji, Mulele, Soumialot, Gbenye, Bomboko, Mulamba, et le petit dernier Mobutu. »
J’ai reçu des réactions diverses au sujet de ce texte tiré de « Indépendance cha cha » du 30 juin, mais je me suis plus fait taper sur les doigts pour :
Primo : l’utilisation du verbe « fauter » (quand je vous disais que les congolais étaient intelligents …) J’ai du rechercher un vieux bouquin poussiéreux pour me venir au secours et regagner de l’assurance pour persister et signer : le verbe fauter est utilisé en tant que synonyme de faillir ou manquer. Il veut dire aussi : pécher, chuter, offenser, tomber. L’utilisation de ce verbe se justifie dans le sens de faillir ou de manquer à ses devoirs ou à ses engagements (ouf, ouf, je l’ai échappé belle n’est-ce pas Georges Kazadi ?).
Secundo : beaucoup m’ont demandé d’affirmer et d’argumenter cette assertion. J’aimerai que les choses soient claires avant de continuer : le but de l’article n’était pas de salir tous ces grands noms dont la plupart sont devenus des mythes mais de rétablir certaines vérités preuves à l’appui et démontrer que s’ils étaient unis dans une même vision au lieu de la jouer perso, beaucoup des choses se seraient passées autrement et que certains d’entre eux ne seraient peut-être pas mort au nom d’une prétendue révolution. D’où l’assertion citée ci-haut. Qui peut me dire qu’il trouve normal que Moïse Tshombe soit mort en 1969 dans une prison à Alger après avoir été enlevé à Palma de Majorque en Espagne? Les précisions arrivent, juste un peu de patience.
Pour ceux qui veulent que j’écrive un papier tous les jours, je leur demande de la mansuétude pour l’autodidacte que je suis. Je carbure au diesel (là où le « pro» pond un article comme il respire, moi j’attends l’inspiration …et souvent, elle se fait désirer. Souffrez que je vive à mon rythme.)
A la demande d’autres, je complète le texte « avant cha cha » :
Armée : Les forces publiques ont participé à la libération de Jérusalem, Egypte, Birmanie (Hôpital Belge de campagne), Abyssinie, Saïo, Gambela, Tabora. C’est l’ouvre de ces « vieux » appelés combattants à Binza-Ozone à Kinshasa.
Economie : la production artisanale basés à Kiazi-Kolo dans le territoire de Mbanza Ngungu (JVL), Inera, Compagnie du Kasaï, Union minières, …
L’éducation : où ont étudié Basunga Nzinga, Ignace Mabeka, Kabala Mwana Mbuyi, Mateta Kanda, Seti Yale, Mokolo wa Mpombo, Ngbanda, Atundu Alain, Etienne Tshisekedi, Kasa-Vubu, Bomboko Justin, Mungul Diaka, Tshombe, Mosete Mbombo, Dr Sondji, Dr Longo, Kabayidi … (Toutes ces personnes ont acquis leurs diplômes au Congo : Unif’, petit séminaire, colonie scolaire etc. Liste non exhaustive)
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Avant cha cha

La fête de l’indépendance est perçue comme le jour où le colon belge a passé la gestion des affaires aux congolais. 47 ans après son accession à l’indépendance, le Congo est en ruine. Le congolais n’a pas su entretenir ce que le belge a laissé derrière lui, sans doute trop soucieux de tout démolir.
Dressons l’état des lieux jusqu’en 1959.
-Economie : le Congo a payé toute la dette de la guerre de la Belgique et sa reconstruction sans en souffrir. La plupart des congolais n’était même pas au courant que c’était le franc congolais, monnaie forte au sortir de la guerre 40-45 qui avait aidé le colonisateur. Sans oublier que c’est l’uranium 235 enrichi du Katanga qui a permis de fabriquer les deux bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Toutes les mines étaient en ordres techniques et les entretiens faites régulièrement. L’Hévéa, l’huile de palme, le café, …
-Le social : bien que la différence était notable entre le noir et le blanc, les « Kalaka » (commis de la fonction publique) étaient une classe moyenne dans le pays. Même la sentinelle payait les études de ses enfants. Les hôpitaux fonctionnaient. Les africains du sud se faisaient soigner à Lubumbashi, cela veut tout dire. Kinshasa avait l’hôpital général (où d’ailleurs est né mon père), les cliniques Danoise et Reine Elisabeth sont venues renforcer le secteur. Chaque coin reculé du pays avait soit un dispensaire soit un hôpital. Partout où il y avait un centre Catholique ou Protestant, il y avait un centre de santé. Sans oublier l’Armée du Salut. Ceci sans tenir compte de toutes les aides apportées aux réfugiés en tout genre d’autres pays qui ont trouvé chez nous un havre de paix.
-L’armée : malgré la grande discrimination qui régnait en son sein au niveau des grades, la force publique était une organisation de type belge : La discipline et l’ordre. Les soldes étaient payées à temps et en plus les militaires avaient droit à une cantine où ils recevaient du riz, des haricots, du sel etc.… Pas besoins d’aller chercher les haricots dans la poche du premier passant venu (madesu ya bana : vous comprenez mieux qu’où vient cette expression ? Nos poches ont remplacé la cantine des militaires). Demandez aux enfants des militaires, ils vous diront qu’ils ont bien grandis.
-L’éducation : le plus haut niveau scolaire était l’école normale. Mon père (encore lui) a fait la colonie scolaire de Boma dont aiment se rappeler les anciens. Les catholiques ont créé Lovanium. Demandez à Dos Santos mwana ya Ndjili, président de l’Angola, de vous parler de cette vénérable institution. Sans oublier Lubumbashi (Kassapa), Kisangani, Bukavu etc. Les fournitures scolaires étaient gratuites. Beaucoup ont parlé français au pays et mieux que certains qui ont fait l’Europe. Personnellement, j’ai fait l’école gardienne à Kato dans la commune de Barumbu à Kinshasa mais c’était un peu après l’indépendance (hé, hé, j’ai profité des miettes mais elles étaient belles !)
-La propreté : un point que je laisse à tout ceux qui avaient au minimum 5 ans à l’indépendance de témoigner. Je n’étais pas né, je n’ai connu que les poubelles entassées des quartiers de Kinshasa.
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Indépendance cha cha

C’est la mélodie nous léguée par Kallé Jeef depuis la table ronde de Bruxelles. La fameuse indépendance tubakidi n’a jamais été à la hauteur des espoirs des descendants de Nzinga Kuvu. Ce qui aurait dû être un nouvel élan s’est retrouvé être un pugilat entre prétendants au pouvoir suprême au prix de mille et une trahison des uns des autres.
Tous ont fauté : Bolikango, Gizenga, Kasa-Vubu, Lumumba, Tshombe, Kamitatu, Nendaka, Kalonji, Mulele, Soumialot, Gbenye, Bomboko, Mulamba, ... et le petit dernier Mobutu.
Cette liste n’est point exhaustive, il y en a sûrement qui n’ont pas été cité mais qui ont versé dans la magouille autant que les autres.
Tous ceux qui avaient déclaré des républiques à gauche et à droite n’étaient pas des rassembleurs : Kwilu, Katanga, Kisangani … Ceci est valable aussi pour ceux qui ont envoyé une certaine jeunesse au front de la guerre en leur faisant croire que le chanvre les rendrait immortel ou transformerait les balles en eau.
Ne réécrivons pas l’histoire, mais n’escamotons pas non plus certains détails qui ont leur importance et qui sont resté dans l’esprit de beaucoup.
Fêter n’est pas mauvais en soi, mais fêter quoi ?
L’on fait une fête nationale à Kisangani, ville symbolique s’il en est, pendant qu’un petit malin s’approprie le territoire du Masisi et fait sa loi. Sans oublier quelques seigneurs de la guerre qui s’en donnent à cour joie dans l’Ituri.
Ne jamais oublier que si le Rwanda et L’Ouganda s’étaient affrontés à Kisangani, c’était en tant qu’invités de certains congolais (Mlc et RCD). Si l’on parle des pygmées mangés, c’est dû à l’appétit de leurs frères. Si d’aucuns se battent aujourd’hui pour que le président parte et d’autres pour qu’il reste, c’est grâce aux congolais eux-mêmes. Si le gouvernement dort, ce sont les congolais qui chantent des berceuses. Ils ont été voté semblent-ils.
Si demain, l’on vous dit que le congolais aime le congolais et qu’il a décidé de saisir la chance que lui offre l’histoire de se reconstruire, de se bâtir un pays digne de ce nom, de se réveiller et de comprendre que nul ne peut aimer ce pays là autant que lui-même, de voir enfin la compétence de l’autre, que le militaire doit être formé par qui de droit, que le professeur est un élément dans l’éducation et tutti quanti … Ne soyez pas étonné : cela vient de lui. Il en est capable, mais il faut qu’il le veuille.
@+ à www.rd-congo.info dit le fouineur