jeudi 22 janvier 2015

L'art de se noyer tout seul

Avec toute les tensions de ces derniers jours , combinées aux événements du Burkina-Faso, il fallait vraiment être ambitieux pour oser un passage en force d'une loi quelconque. J’appellerai ceci plutôt de l'obstination. Le juriste, qui se veut éclairé, doit tenir compte des textes, du contexte de leurs applications et des réalités de terrain. Or ces derniers jours, il ne faisait pas bon d'évoquer un quelconque changement de la constitution ou de la loi électorale. Et à voir la vitesse à laquelle certains gros rats sont occupés à quitter le navire MP (Sans le R), il n'y a pas unanimité en son sein. Ni dans dans le PPRD hérité de Kamerhe d'ailleurs.
Alors pourquoi s'obstiner à faire des changements avec la garantie que cela vous explosera entre les mains ?? A moins d'être "maso" mais il y avait mieux à faire que de faire passer une modification de loi à pratiquement minuit. Et ceci dans un contexte de suspicion totale vis-à-vis des votants "pour". Ne vous étonnez donc pas de voir une vitre se casser lorsque vous la cognez contre une pierre. Même le Tatu national ne parle plus de dialogue, c'est tout dire.
Il paraîtrait que le fameux texte accorde, par exemple, le droit de vote aux congolais de l'étranger qui devront montrer patte blanche: Carte d'identité et carte consulaire à produire. Je vous interdis de rire si vous constater que ceux de l'intérieur n'ont même pas une carte comme à l'époque de « mayi ya pondu ».
Qui ne sait pas que la majorité des congolais de l'étranger ne vit plus sous la nationalité d'origine? Il y a plusieurs nationalités parmi les gouvernants et leurs opposants (Si, si),  mais le moratoire ambiant sur la nationalité n'a pas été accordé à tous les congolo-zaïro-congolais devenus étrangers circonstanciels mais qui restent attachés au pays de Mbuta Simon. Passons, ceci est un autre problème.
Le peuple réagit parce qu'il en a marre, couper internet ne coupe rien du tout : la vérité est têtue. Notre pays, sans classe moyenne, ne pouvait qu'avoir des problèmes à la longue.  Or celle-ci se crée simplement par une redistribution de la richesse. C'est ce que souhaite le peuple, est-ce trop demander ? Les textes en places sont supposés permettre une transition démocratique par les élections, chaque camp présentant un candidat avec 0 ou 1 mandat présidentiel en poche, pas plus.
Le 4 janvier 1959, les belges ne pouvaient pas imaginer qu'une banale interdiction de meeting des descendants de Nzinga Nkuvu additionnée à des footeux mécontents pouvaient générer l'indépendance. Que cela enseigne quelqu'un.
A ce jour, Joseph Kabila ne s'est pas déclaré officiellement candidat à sa propre succession. Mais ceux de son camp prépare un petit glissement de terrain qui ne pourra que susciter l'ire de la population avec des conséquences garanties et connues d'avance.
Celui qui permettra au congolais de manger à nouveau « 3 gongs » n'aura plus besoin de mandat ...
Photo: Jean Robert /Reuters
@+ sur http://www.rd-congo.info dit le fouineur de la RDC